Un bel article dans le Sillon Belge
Voici ce que le Sillon dit de nous :
« Mettre en pratique un modèle d’agriculture durable. Tel est l’objectif que se sont fixé Christophe Col et Johanne Dupuis en créant en 2007, la ferme de la Baillerie à Bousval. Sur 10 ha, avec un élevage de chèvres et une fromagerie artisanale, ils démontrent qu’il est possible de vivre en suivant un modèle de production quelque peu différent. »
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Samedi 28 Mars 2009
Mettre en pratique un modèle d’agriculture durable. Tel est l’objectif que se sont fixé Christophe Col et Johanne Dupuis en créant en 2007, la ferme de la Baillerie à Bousval. Sur 10 ha, avec un élevage de chèvres et une fromagerie artisanale, ils démontrent qu’il est possible de vivre en suivant un modèle de production quelque peu différent.
Pas évident de reprendre une exploitation agricole ou de s’installer lorsqu’on n’est pas issu du milieu agricole. Il faut dès lors trouver sa voie et développer un projet spécifique porteur. C’est ce qu’on fait M. Col et Mme Dupuis en créant leurs chèvrerie et fromagerie à Bousval. Une entreprise qui montre qu’il est possible de s’installer dans une petite exploitation, pour autant que l’on valorise soi-même ses productions primaires en les transformant soi-même et en les commercialisant en vente directe.
Acquérir de l’expérience
Tous deux agronomes de formation, Christophe Col et Johanne Dupuis ne se sont pas lancés tête baissée dans l’aventure. Leur projet, ils l’ont mûri durant plusieurs années tout en acquérant de l’expérience. Johanne Dupuis est une figure connue chez les éleveurs de chèvres et moutons puisqu’elle était permanente à la Ficow jusqu’en août dernier.
Elle était d’ailleurs la spécialiste de l’élevage caprin et de la production fromagère. Auparavant, elle a travaillé avec Christophe Col, durant près de 10 ans, dans une chèvrerie coopérative à Alken, dans le Limbourg. Cette entreprise, toujours en activité, rassemble 5 indépendants qui produisent, sur 14 ha, 80.000 à 100.000 l de lait de chèvres/an et qui le transforment en fromage. En quelque sorte, le modèle de l’exploitation développée par nos hôtes. C’est donc forts de ces expériences que ces éleveurs se sont mis à la recherche d’une exploitation, qu’ils ont trouvée à Bousval, après 2 années de recherche. Ils ont acquis une partie des bâtiments mis en vente ainsi que 10 ha de terre.
Coopératives Terres de la Baillerie
Six ha de terre ont été achetés sur fonds propres. Pour limiter les investissements, les exploitants ont créé en mai 2007 la société coopérative « Terre de la Baillerie s.c.r.l. », parallèlement au démarrage de l’élevage de chèvres. Cette société a été créée dans le but d’acquérir 4 ha de terres autour de la ferme. Elle a obtenu un financement bancaire. Originalité du projet, la société coopérative propose à des sympathisants ou des clients d’acquérir des parts sociales de 150 euros pour soutenir le développement de l’exploitation. La coopérative réalise cet objectif en louant les 4 ha de terres achetés aux exploitants. Quant aux coopérateurs, la coopérative leur garanti un juste retour sur placement via l’indexation annuelle de la valeur des parts. Tout le capital n’a pas encore été souscrit actuellement et la coopérative recherche encore des coopérateurs. Mais le projet se met bien en place, juge notre interlocuteur. Les lecteurs intéressés peuvent trouver davantage de précisions sur le site internetwww.labaillerie.be.
Démarrage de l’exploitation
Des chevrettes et des chèvres pleines ont été acquises dans un élevage du Poitou en mai 2007. La production fromagère avec du lait acheté a démarré au même moment car il était essentiel d’avoir un débouché dès l’arrivée en production de nos chèvres, explique M. Col. Une fromagerie provisoire a donc été installée dans le jardin du père de celui-ci, à Court-Saint-Etienne, le village voisin. Les aménagements de la chèvrerie et de la fromagerie étaient réalisés simultanément à l’exploitation.
Zéro pâturage
Dès le démarrage, les exploitants se sont fixés comme objectif d’atteindre une production moyenne d’étable de 850 l de lait par chèvre et par an. Et cela, à partir d’une alimentation à base d’un fourrage brut autoproduit et sans achat de concentrés. Il n’est pas difficile d’atteindre 1.200 l de lait par an avec des concentrés, explique notre interlocuteur, mais 850 l avec des protéines produites sur l’exploitation uniquement, ce n’est pas évident. Mais c’est possible, assure l’éleveur. Quelque 80% des terres ont été ensemencés avec un mélange de trèfle et de ray-grass (50-50), 1 ha est réservé aux betteraves fourragères et un autre au maïs grain. Grâce au trèfle, il n’y a pas besoin d’apport azoté. Le compost des excréments des chèvres fournit les apports en phosphore, potassium et autres minéraux. Pas d’apport d’engrais minéraux. Mais pour arriver à une telle production laitière, il faut aussi que la qualité des aliments distribués soit optimale, poursuivent nos hôtes. C’est pour cette raison qu’ils pratiquent le zéro pâturage.
Alimentation
D’avril à novembre, les chèvres reçoivent des aliments verts. L’herbe est coupée tous les jours ou tous les 2 jours et ramassée à l’auto-chargeuse. Le moment de la coupe et la hauteur de coupe sont choisis pour optimaliser la qualité de l’herbe. Le menu est ainsi de qualité constante ce qui ne serait pas le cas avec du pâturage car les chèvres sont fort sélectives. Elles ne mangent pas s’il pleut ou s’il y a eu de l’urine sur l’herbe… observe Christophe. En été, du maïs grain est ajouté à l’herbe car avec le trèfle la ration est excédentaire en protéines. En hiver, les animaux reçoivent du préfané, des drèches de brasserie ainsi que des betteraves fourragères hachées.
Les jeunes chevrettes reçoivent en outre un concentré jusqu’à 4 mois car les apports alimentaires avec les fourrages grossiers ne sont pas suffisants pour ces animaux en croissance. Les concentrés ne contiennent pas de soja. Les composants locaux, comme le lin, sont privilégiés. Dès blocs à lécher sont aussi mis en permanence à la disposition des animaux. M. Col veille cependant à réduire les apports en calcium en fin de gestation afin que les chèvres mobilisent leurs réserves. Les auges sont balayées tous les soirs pour éliminer les refus. Ceux-ci sont distribués à quelques moutons Swifter et à 3 génisses blonde d’Aquitaine. L’alimentation est ainsi valorisée jusqu’au bout. Sur le plan sanitaire, les problèmes de parasitisme sont évités grâce au zéro pâturage.
Reproduction des chèvres
Afin d’assurer la production laitière durant toute l’année, les exploitants ont réparti les chèvres en 4 groupes pour la reproduction. Trois groupes sont mis au bouc de septembre à janvier, durant la période des chaleurs naturelles, un autre groupe est désaisonné avec un programme lumineux. Pour ce désaisonnement, les chèvres sont isolées et reçoivent 17 h de lumière par jour jusqu’à 15 jours avant la mise au bouc. Le programme lumineux est alors interrompu et les chèvres arrivent en chaleur. La mise au bouc se fait en avril et les mises-bas ont lieu en septembre. Tous les boucs sont achetés en France. La prolificité est de 1 jeune chez les primipares et de 2 chez les multipares. Les chevreaux sont vendus pour l’engraissement.
Traite et production fromagère
La traite est effectuée 2 fois par jour (2 x 40 min.) sur un quai de traite (2 x 12 places) fabriqué par les exploitants. Actuellement, la traite est faite au moyen d’un chariot trayeur mais l’installation d’une machine à traire est prévue prochainement.
Après chaque traite, le lait cru est transformé en fromages dans une petite installation aménagée provisoirement dans un bureau de chantier. A terme, une nouvelle fromagerie devrait être aménagée dans l’étable à côté du quai de traite. Cette petite pièce chauffée à 18-20°C permet aisément la transformation des 50.000 l de lait produits. Quand toutes les chevrettes d’élevage seront en production, la production laitière devrait atteindre 80.000 l avec 80-100 mères en lactation. Le lait non réchauffé est emprésuré. Après 24 h, le caillé est mis en étamine pour un préégouttage, puis moulé en faisselles pour faire des crottins. Les fromages cendrés sont réalisés selon le même principe, mais on ajoute du pénicillium avant le moulage.
La gamme de produits se compose de maquée nature et aux fines herbes, de crottins frais et mi-secs ainsi que de crottins épicés à la ciboulette, au poivre, aux tomates séchées ou encore avec un mélange oriental (gingembre, paprika,…). Ces crottins mi-secs, marinés dans l’huile d’olive (cigalons) et des crottins lardés à chauffer sont aussi proposés. Un fromage de type feta et un chèvre cendré à croûte fleurie affiné à la cendre de bois complètent la gamme. La confection de yaourts, de camemberts et de pâtes pressées est également prévue à moyen terme.
Vente directe
Hormis la livraison à un restaurant, toute la production fromagère est écoulée en vente directe aux consommateurs au siège de l’exploitation, mais surtout lors des quatre marchés hebdomadaires auxquels participent les exploitants. A Wavre le mercredi, à Ottignies le vendredi, à Nivelles le samedi et à Waterloo le dimanche.
Il n’y a pas d’offre comparable sur ces marchés car peu de producteurs sont présents, explique M. Col. Dès leur arrivée, les éleveurs ont été très bien accueillis sur ces différents marchés et ont bénéficié d’un bon emplacement, ce qui est très important pour assurer le succès de la commercialisation. Et comme le précise encore notre hôte, la commercialisation en vente directe est la clé du système car elle permet d’assurer la rentabilité d’une petite structure de production.
Projets
Les projets ne manquent pas à la ferme de la Baillerie. Certains aménagements, notamment de la chèvrerie, doivent encore être achevés. Ainsi, Christophe Col compte réaliser un paddock, une aire de détente, communiquant avec le bâtiment d’élevage, afin que les chèvres puissent choisir l’intérieur ou l’extérieur selon leur envie. La nouvelle fromagerie sera également installée dans l’étable.
Enfin, pour valoriser le sérum de la fromagerie, les exploitants comptent acquérir une truie dont les 2 portées par an seraient engraissées et vendues aux consommateurs. Tout comme la viande des agneaux et des Blonde d’Aquitaine nourris avec les refus de chèvres.
Une bonne manière de valoriser tous les sous-produits de l’élevage. Et de prouver ainsi la viabilité d’une petite exploitation conduite en autonomie et en maîtrisant tout le cycle de production, du champ au consommateur. Ce qui permet aux exploitants de conserver la valeur ajoutée des productions primaires tout en mettant en oeuvre un modèle d’agriculture, dépenses d’énergie limitées, fertilisation organique uniquement. Et d’offrir à la clientèle des produits de qualité, goûteux et sains.